Travail en Groupe
Un groupe fonctionne comme un monde intermédiaire où le changement peut advenir. Sans être nécessairement un groupe thérapeutique, un groupe peut grandir ensemble et les résultats de cette croissance peuvent avoir un effet thérapeutique. Chaque groupe génère son histoire propre, une confiance pouvant s’installer progressivement entre les uns et les autres, permettant d’ouvrir peu à peu une dynamique de groupe favorable au changement car c'est le groupe qui peut ainsi lui-même devenir le principal agent du changement.
Différents groupes peuvent être envisagés: espace de parole, exercice collectif de visualisation, méditation, exercice commun...
Dans une approche thérapeutique, il existe une multiplicité de formes de thérapie de groupe mais toutes sont une bonne indication pour les patients ayant des difficultés à entrer en relation intime en tête à tête avec un thérapeute. L'expérience contenante que vit la personne dans le groupe thérapeutique peut ensuite s'étendre au reste de ses propres relations si elles sont bienveillantes. Avant tout Il s'agit de mobiliser aussi ce qui peut être mobilisable.
L'approche de l'animateur-facilitateur d'un groupe peut être non-directive (Rogers, 1973), et se caractériser par la bienveillance, l'attention, l'écoute inconditionnelle et la conviction que chaque personne a quelque part en elle-même les ressources nécessaires pour mener sa vie. Ainsi tout groupe, s'il bénéficie d'un climat facilitant, va développer son propre potentiel et celui de ses membres. L'animateur aura pour rôle essentiel de faciliter les échanges au sein du groupe, en étant focalisé sur le sens des expériences et ressentis ainsi partagées. L'approche peut aussi être plus directive et d'après Megglé (1190), le groupe thérapeutique, plus proche de la vie que la classique relation duelle dans le secret du cabinet permet les jeux de rôles pour reproduire toutes les nuances de la réalité sociale.
Le climat facilitant et l'animateur-facilitateur permettront aussi l'expression émotionnelle dans ses dimensions autres que répressives ou contrôlantes. Le facilitateur peut prendre en main en comprenant une situation émotionnelle. La régulation de l'émotion du participant ou de celle des autres émergera ainsi comme si elle pouvait se fluidifier à travers un canal régulateur.
Organiser un travail de groupe nécessite de dire explicitement ce qui est visé par le travail proposé en groupe. Par exemple l’objectif d'un groupe de parole est d’offrir un espace d’écoute et d’expression, où la parole de chacun peut être exprimée et entendue. Car en effet, rien ne vaut l'expérience personnelle d'être écouté.
Le groupe peut être ouvert ou fermé, un thème peut être explicitement nommé ou pas. Le groupe peut avoir un nom spécifique ou se nommer juste dans sa fonction.
Le groupe de parole peut être constitué à partir de problématiques et de difficultés communes,. Le psychologue, habitué à la gestion d'une dynamique dans un groupe de parole, l'anime comme un facilitateur de la communication, en invitant chacun à une posture d'écoute et de respect de la parole de l'autre.
Les règles sont la discrétion, la confidentialité de l'espace de parole, la non attente d'objectifs dans une liberté d'expression respectueuse de soi-même et des autres. En tant que régulateur du groupe, J'accompagne donc la propre dynamique du groupe et je développe la capacité d'écoute de chacun.
Le cadre est bienveillant, sans jugement , permettant l'expression de chacun et invitant à exprimer ses angoisses, ses peurs, ses désirs, ses propres émotions… L'animateur-régulateur veille à rappeler le cadre si nécessaire, au respect de la parole de chacun, et à une qualité des échanges permettant l'approfondissement
Le partage d'expériences, parfois de souffrances, de vécu des uns et des autres peut constituer une ressource pour mieux appréhender une situation. Entendre l'autre parler du même permet de ne plus se sentir seul.
J'ai aussi été formé au photolangage® qui permet de travailler sur les représentations, et d’organiser un espace de parole et d’écoute, aidant les personnes à se (re)construire.
Après la présentation explicite des règles et des consignes, la méthode photolangage® consiste à poser une question, à partir d'un thème choisi préalablement, à tous les participants en ajoutant "dites le avec une photo". Le choix individuel de sa photo se fait d'abord par le regard et dans le silence parmi 50 photos étalées sur une table, dans un temps limité puis chacun, animateur compris, présente au groupe sa photo, en en parlant ou pas. Chacun peut ensuite en parler au groupe ou pas. C'est un moment de plaisir dans l'échange et le respect de chacun. La séance se clôture après avoir dit au groupe ce que cela a évoqué pour chacun et comment cela s'est passé pour tous. Le photolangage® permet ainsi aux participants de prendre conscience de leurs ressentis, des images qui les habitent, des représentations qu'ils ont forgées, des habitudes qu'ils ont construites.
La TCD (Thérapie Comportementale et dialectqiue), basée sur la théorie biopsychocociale de Linehan qui s'adresse initialement au trouble de personnalité limite, propose des groupes d’entraînement aux compétences, permettant d’améliorer la gestion des émotions et les relations interpersonnelles et de développer les compétances de pleine conscience,de régulation des émotions,de tolérance à la détresse (et d’acceptation de la réalité) et du sentiment d'efficacité interpersonnelle. Ces groupes peuvent aussi être constitués de dyades parent-adolescent (Miller, Rathus, Lineham, 2007).
Dans une autre approche basé sur l'hypnose, peut être envisagé aussi un groupe travaillant les yeux fermés à partir d'un thème énoncé avec des métaphores amenant à une visualisation intérieure en imagination active. Par exemple, Teresa Robles (2015) a conceptualisé un groupe de croissance en dix séances avec un coordinateur qui introduit la séance avec un langage hypnotique, puis le thème est travaillé avec pour visée le confort de la personne.
Une autre approche intéressante est la thérapie multifamiliale qui met en commun plusieurs familles afin les faire travailler ensemble pour dépasser chacune leurs problèmes spécifiques. Le regroupement se fait autour d’une même pathologie ou d’un même problème. Cette approche inclut des principes systémiques et des techniques basées sur la mentalisation.
Dans le cadre du stage de sensibilisation à la sécurité routière prévu à l'article L. 223-6 destiné à éviter la réitération des comportements dangereux, j'anime en binôme pendant deux jours des groupes constitués de personnes infractionnistes volontaires ou sous injonction judiciaire. L'objectif est d'impulser un processus de changement d'attitudes et de comportements chez les conductrices et conducteurs, qu’ils ou elles puissent s’interroger sur leurs comportements. Une moindre réitération des infractions à venir serait ainsi susceptible d’entraîner une amélioration de la sécurité routière de tous. La capacité auto-évaluative peut être une dynamique de changement dans leurs attitudes et comportements. Le processus de changement vise la personne comme sujet réputé autonome et aussi comme sujet social. Il ou elle est libre de, ou de ne pas changer. Changer veut dire que les conducteurs et des conductrices deviennent plus agissants qu’agis. Initier ce processus est l’objectif que l’animateur a en tête quand il est face aux stagiaires. La base théorique qui est l'ossature de l'animation du stage de sensibilisation s’appuie largement sur la psychologie sociale ainsi que sur les théories des addictions.
Références bibliographiques :
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Brunaux, F. & Cook-Darzens, S. (2008). La thérapie multifamiliale: Une alternative à la thérapie unifamiliale dans le traitement de l'anorexie mentale de l'enfant et de l'adolescent ?. Thérapie Familiale, 29, 87-102.
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